Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/443

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Repoussée encore sur ce point par la Montagne, les Girondins firent alors une diversion en s’attaquant à la Montagne elle-même et en demandant que l’on mît en jugement « les fauteurs des journées de septembre, » par lesquels ils entendaient Danton, Marat et Robespierre, les « dictateurs, » le « triumvirat ».

Au milieu de tous ces débats, la Convention avait cependant décidé, le 3 décembre, qu’elle jugerait elle-même Louis XVI ; mais à peine était-ce prononcé, que tout était remis en question par un des Girondins, Ducos, et l’attention de la Convention était portée ailleurs. En demandant la peine de mort pour « quiconque proposera d’établir en France les rois ou la royauté, sous quelque dénomination que ce puisse être », la Gironde lançait contre les Montagnards une insinuation qui voulait dire que ceux-ci essayaient de porter au trône le duc d’Orléans. Au procès de Louis XVI, on cherchait ainsi à substituer un procès contre la Montagne.

Enfin, le 11 décembre, Louis XVI parut devant la Convention. On le soumit à un interrogatoire, et ses réponses durent tuer jusqu’aux dernières sympathies qui pouvaient exister en sa faveur. Michelet se demande comment il était possible qu’un homme pût mentir comme mentait Louis ? Et il ne parvient à s’expliquer cette fourberie que par le fait que toute la tradition des rois et toute l’influence des jésuites, que Louis XVI avait subie, lui avaient inspiré cette idée que la raison d’État permettait tout à un roi.

L’impression produite par cet interrogatoire dut être si piteuse que les Girondins, comprenant qu’il serait impossible de sauver Louis XVI, firent une nouvelle