Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/472

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Que restait-il donc aux révolutionnaires, si ce n’était d’accepter la lutte à outrance ?

Ou bien la Révolution devait s’arrêter net, telle quelle, inachevée, — et la contre-révolution thermidorienne commençait quinze mois plus tôt, dès le printemps de 1793, avant l’abolition des droits féodaux.

Ou bien il fallait bannir les Girondins de la Convention, malgré les services qu’ils avaient rendus à la Révolution, tant qu’il fallait combattre la royauté. Ces services, il était impossible de les méconnaître. — « Ah ! sans doute », s’écriait Robespierre dans la fameuse séance du 10 avril, « ils avaient frappé sur la Cour, sur les émigrés, sur les prêtres, et cela d’une main violente ; mais à quelle époque ? — Quand ils avaient le pouvoir à conquérir… Le pouvoir une fois conquis, leur ferveur s’était vite ralentie. Comme ils s’étaient hâtés de changer de haines ! »

La Révolution ne pouvait s’arrêter inachevée. Elle dut passer outre, sur leurs corps.

Aussi, depuis février 1793, Paris et les départements révolutionnaires sont en proie à une agitation qui aboutira au 31 mai.