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Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/474

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taxe sur le pain et les autres denrées de première nécessité ?

Voilà trois grandes questions qui passionnaient la France et la divisaient en deux camps hostiles : les possédants d’un côté, et ceux qui possédaient peu ou rien, de l’autre côté ; les « riches » et les « pauvres » ; ceux qui s’enrichissaient, malgré la misère, la disette et la guerre, et ceux qui supportaient tout le fardeau de la guerre et devaient passer des heures et quelquefois des nuits entières à la porte du boulanger, sans pouvoir apporter du pain à la maison.

Et les mois, — cinq mois, huit mois, — se passaient, sans que la Convention ne fît rien pour trancher la situation, pour résoudre les grandes questions sociales que le développement de la Révolution était venu poser. On discutait sans fin, à la Convention ; la haine entre les deux partis, dont l’un représentait les riches, et l’autre défendait la cause des pauvres, s’envenimait chaque jour, et on n’entrevoyait aucune issue, aucun compromis possible entre ceux qui défendaient « les propriétés » et ceux qui voulaient les attaquer.

Il est vrai que les Montagnards eux-mêmes n’avaient pas d’opinions nettes sur les questions économiques et se divisaient en deux groupes, dont l’un, celui des Enragés, était beaucoup plus avancé que l’autre. Celui auquel appartenait Robespierre était enclin à prendre, sur les trois questions mentionnées, des vues presque aussi « propriétaires » que celles des Girondins. Mais, si peu sympathique que nous soit Robespierre, il faut reconnaître qu’il se développait avec la Révolution, et il prit toujours à cœur les misères du peuple. Dès 1791, il avait