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naires qui avaient osé jeter la tête du roi en défi à la réaction dans toute l’Europe.

« Ah, les gredins ! » disait-on dans les châteaux, les salons, les confessionnaux. « Ils ont osé faire cela ! Mais alors, ils ne s’arrêteront devant rien : ils vont nous prendre nos fortunes, ou nous guillotiner ! »

Et partout les conspirations contre-révolutionnaires reprenaient avec une nouvelle vigueur.

L’Église, toutes les cours de l’Europe, la bourgeoisie anglaise, tous se mirent au travail d’intrigue, de propagande, de corruption pour organiser la contre-révolution.

Les villes maritimes surtout, comme Nantes, Bordeaux et Marseille, où il y avait beaucoup de riches commerçants, la ville des industries de luxe, Lyon, les villes d’industrie et de commerce comme Rouen, devinrent de puissants centres de la réaction. Des régions entières furent travaillées par les prêtres, par les émigrés rentrés sous de faux noms, et aussi par l’or anglais et orléaniste, ainsi que par des émissaires de l’Italie, de l’Espagne, de la Russie.

Les Girondins servaient pour toute cette masse réactionnaire de centre de ralliement. Les royalistes comprenaient fort bien que malgré leur républicanisme superficiel, les Girondins étaient leurs vrais alliés, qu’ils y seraient poussés par la logique du parti, toujours plus puissante que l’étiquette du parti. Et le peuple, de son côté, le comprit parfaitement. Il comprit que tant que les Girondins resteraient à la Convention, aucune mesure vraiment révolutionnaire ne serait possible, et que la guerre, conduite mollement par ces sybarites