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Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/498

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Alors, le 24 février, la Convention se vit forcée d’ordonner une levée obligatoire de 300.000 hommes, à répartir entre tous les départements, et dans chaque département entre les districts et les communes. Celles-ci devaient, d’abord, faire appel aux volontaires ; mais si cet appel ne donnait pas le nombre d’hommes requis, la commune devait recruter le reste, d’après le mode qu’elle trouverait elle-même le plus convenable, c’est-à-dire par la voie du sort ou bien par désignation personnelle, avec faculté toutefois de remplacement. Pour engager à prendre service, la Convention non seulement promit des pensions, mais elle donna aussi aux pensionnaires la faculté d’acheter des biens nationaux en les payant avec leur pension, à raison d’un dixième, chaque année, du prix total du bien acheté. Des biens nationaux d’une valeur de 400 millions furent assignés pour cette opération[1].

Cependant l’argent manquait, et Cambon, homme absolument honnête qui tenait la dictature des finances, dut faire une nouvelle émission de 800 millions d’assignats. Mais les biens les plus profitables des prêtres — les terres — étaient déjà vendus, et les biens des émigrés ne se vendaient pas facilement. On hésitait à acheter, n’étant pas sûr que les biens achetés ne seraient pas repris un jour, quand les émigrés rentreraient en France. Aussi la Trésorerie de Cambon trouvait de plus en plus difficile de subvenir aux besoins toujours croissants des armées[2].

  1. Le tout cependant, à ce qu’il paraît, à l’état de promesses. (Voyez G. Avenel, « biens nationaux », Lundis révolutionnaires.)
  2. Quelques sections révolutionnaires de Paris vinrent offrir alors d’hypothéquer toutes leurs propriétés pour servir de garantie aux assignats. Cette proposition fut refusée, mais elle contenait une idée profonde. Si une nation fait la guerre, il faut que le propriétaire en supporte le prix, autant et même plus que le salarié.