Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/508

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parlers directs avec le général autrichien Mack. Les traîtres s’engageaient à évacuer la Belgique sans combat et à marcher sur Paris pour y rétablir la monarchie constitutionnelle. Au besoin, ils se feraient appuyer par les Autrichiens qui occupèrent, comme garantie, une des places fortes de la frontière, Condé.

Danton, jouant sa tête, avait essayé d’empêcher cette trahison. N’ayant pu décider deux Girondins, — Gensonné, l’ami de Dumouriez, et Guadet — à aller avec lui, pour tâcher de ramener Dumouriez à la République, il partit seul, le 16, pour la Belgique, au risque d’être lui-même accusé de trahison. Il trouva Dumouriez en pleine retraite après Neerwinde et comprit que le traître avait déjà pris son parti. En effet, il s’était déjà engagé auprès du colonel Mack à évacuer la Hollande, sans se battre.

Paris fut saisi de fureur, lorsque, Danton étant rentré le 29, on acquit la certitude que Dumouriez avait trahi. L’armée républicaine, qui, seule, pouvait repousser l’invasion, marchait peut-être déjà sur Paris pour y rétablir la royauté. Alors le Comité d’insurrection qui depuis quelques jours se réunissait à l’Évêché sous la direction des Enragés, entraîna la Commune. Les sections s’armèrent, saisirent l’artillerie ; elles auraient marché probablement sur la Convention, si d’autres conseils n’avaient prévalu pour empêcher la panique. Le 3 avril on reçut la nouvelle définitive de la trahison de Dumouriez. Il avait arrêté les commissaires que lui avait envoyés la Convention. Heureusement, il ne fut pas suivi par son armée. Le décret de la Convention qui mettait Dumouriez hors la loi et ordonnait l’arrestation du duc