Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/541

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Mais depuis que les paysans avaient senti les approches de la Révolution, ils commencèrent à exiger que les appropriations faites depuis 1669, soit par la loi du triage, soit autrement, fussent reconnues illégales et que les terres enlevées aux villages sous ce prétexte, ainsi que les terres que les communes elles-mêmes avaient été amenées, par mille moyens frauduleux, à céder à des particuliers, fussent rendues aux communautés villageoises. Dans certains endroits, les paysans avaient déjà repris ces terres pendant les soulèvements de 1789 à 1792. Mais demain la réaction pouvait revenir, et les « ci-devant » leur enlèveraient ces terres. Il fallait donc généraliser la reprise, la légaliser : à quoi non seulement les deux Assemblées, la Constituante et la Législative, mais aussi la Convention, dominée par les Girondins, s’étaient opposées de toute leur force.

Il faut noter, ici, que l’idée de partager les terres communales entre les habitants de la commune, qui était souvent soulevée par les bourgeois des villages, n’était nullement approuvée par la grande masse des paysans français, pas plus qu’elle n’est approuvée par les paysans russes, bulgares, serbes, arabes, kabyles, hindous ou autres, qui vivent jusqu’à nos jours sous le régime de la propriété communale. On sait en effet que lorsque des voix s’élèvent dans un pays de propriété communale pour le partage des terres appartenant aux communes, elles viennent toujours de la part des