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Convention. Il fut question d’appliquer à Lyon le plan que le Girondin Imbert avait proposé pour Paris, c’est-à-dire détruire Lyon, de façon qu’il n’en restât que des ruines sur lesquelles on planterait l’inscription : Lyon fit la guerre à la liberté — Lyon n’est plus. Mais ce plan insensé ne fut pas accepté et la Convention décida que les maisons des riches seraient démolies, mais que celles des pauvres seraient respectées. L’exécution de ce plan fut confiée à Collot-d’Herbois, et s’il ne le réalisa pas, c’est que la réalisation en était matériellement impossible : une ville ne se démolit pas facilement. Mais, par les exécutions et les fusillades dans le tas, auxquelles Collot eut recours, il fit un tort immense à la Révolution.

Les Girondins avaient beaucoup compté pour leur soulèvement sur Bordeaux. Cette ville « négociantiste » se souleva en effet, mais l’insurrection ne dura pas. Le peuple ne se laissa pas entraîner ; il ne crut pas aux accusations de « royalisme et d’orléanisme » lancées contre les Montagnards, et lorsque les députés girondins, évadés de Paris, arrivèrent à Bordeaux, ils durent se cacher dans cette cité qui aurait dû être, dans leurs rêves, le centre de leur soulèvement. Bientôt Bordeaux fit sa soumission aux commissaires de la Convention.

Quant à Toulon, qui était travaillé depuis longtemps par les agents anglais, et où les officiers de la marine étaient tous royalistes, il se livra entièrement à une flotte anglaise. Les patriotes, peu nombreux d’ailleurs, furent emprisonnés, et comme les Anglais, sans perdre de temps, armèrent les forts et en construisirent de nouveaux, il fallut un siège en règle pour s’en emparer. Ce ne fut fait qu’en décembre 1793.