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En Alsace et sur le Rhin, où les armées de la République avaient à combattre les Prussiens et les Autrichiens, elles durent, dès le commencement de la campagne, abandonner leur ligne de défense autour de Wisembourg. Cela ouvrait la route de Strasbourg, dont la bourgeoisie appelait les Autrichiens en les pressant de venir prendre possession de la ville au nom de Louis XVII. Heureusement les Autrichiens ne se souciaient nullement de renforcer la royauté en France, ce qui donna le temps à Hoche et à Pichegru, aidés de Saint-Just et de Lebas, qui représentaient la Convention, de réorganiser l’armée et de prendre eux-mêmes l’offensive. Hoche battit les Autrichiens au Genisberg le 5 nivôse (25 décembre) et débloqua Landau.

Mais l’hiver était venu, et la campagne de 1793 se termina sans qu’il y eût d’autres succès à signaler d’un côté ou de l’autre. Les armées de l’Autriche, de la Prusse, des Hessois, des Hollandais, des Piémontais et des Espagnols restaient sur les frontières de la France ; mais l’élan des alliés s’était épuisé. La Prusse voulait même se retirer de l’alliance ; il fallut que l’Angleterre prît à la Haye (le 28 avril 1794) l’engagement de payer au roi de Prusse une somme de 7.500.000 francs et de verser chaque année une contribution de 1.250.000 fr. pour que celui-ci s’engageât à entretenir une armée de 62.400 hommes destinés à combattre la France.

Au printemps suivant, la guerre devait certainement recommencer, mais la République put lutter déjà dans des conditions bien plus avantageuses qu’en 1792 et en 1793. Grâce à l’élan qu’elle sut inspirer aux classes les plus pauvres, la Révolution se dégagea peu à peu des