Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/631

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plus tard il se tourna aussi contre les révolutionnaires avancés[1]. Écrivant de Lot-et-Garonne, un des départements les plus sympathiques à la Révolution, Jeanbon priait ses collègues du Comité de ne pas se dissimuler les dangers de la situation : « Elle est telle, disait-il, que si notre courage ne fait pas naître quelqu’une de ces occasions extraordinaires qui remontent l’esprit public en France et lui donnent une nouvelle force, il n’y a plus d’espérance. Les troubles de la Vendée et des départements voisins sont inquiétants, sans doute, mais ils ne sont vraiment dangereux que parce que le saint enthousiasme de la liberté est étouffé dans tous les cœurs. Partout on est fatigué le la Révolution. Les riches la détestent, les pauvres manquent de pain… » et « tout ce qu’on appelait ci-devant modérés, qui faisaient en quelque sorte une cause avec les patriotes, et qui tout au moins voulaient une révolution quelconque, n’en veulent plus aujourd’hui… Disons le mot, ils veulent la contre-révolution… » Les municipalités mêmes sont faibles ou corrompues dans tous les lieux que ces deux représentants ont parcouru.

Jeanbon Saint-André demande donc des mesures qui soient grandes et rigoureuses. Et, sa lettre terminée, il revient à ces mesures dans un post-scriptum : « Le pauvre, dit-il, n’a pas de pain, et les grains ne manquent pas, mais ils sont resserrés… Il faut très impérieusement faire vivre le pauvre, si vous voulez qu’il vous aide à achever la Révolution… Nous pensons qu’un décret qui

  1. La lettre est signée par deux représentants en mission dans ce département, Jeanbon et Lacoste ; mais elle est de la main du premier.