Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/657

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mouvement du 31 mai, — dénoncer l’agiotage et demander des lois contre les agioteurs, les interruptions furieuses, les hurlements des conventionnels accueillirent son discours. Roux fut chassé de la Convention, il en sortit sous les huées[1]. Cependant, comme il s’attaquait à la constitution montagnarde et qu’il avait une forte influence dans la section des Gravilliers et au club des Cordeliers, Robespierre, qui ne mettait jamais le pied dans ce club, s’y rendit le 30 juin (après les émeutes du 26 et du 27 contre les marchands de savon), accompagné d’Hébert et de Collot d’Herbois, et il obtint des Cordeliers la radiation de Roux et de son camarade Varlet des listes de leur club.

Robespierre ne se lassa pas depuis lors de calomnier Jacques Roux. Comme il arrivait au communiste cor-

  1. « Ce sont les riches, disait Jacques Roux, qui, depuis quatre ans, ont profité des avantages de la Révolution ; c’est l’aristocratie marchande, plus terrible que l’aristocratie nobiliaire, qui nous opprime, et nous ne voyons pas le terme de leurs exactions, car le prix des marchandises augmente d’une manière effrayante. Il est temps que le combat à mort, que l’égoïsme livre à la classe la plus laborieuse, finisse… La propriété des fripons est-elle plus sacrée que la vie de l’homme ? Les subsistances doivent être à la réquisition des corps administratifs, comme la force armée est à leur disposition. » Roux reproche à la Convention de ne pas avoir confisqué les trésors acquis depuis la Révolution par les banquiers et les accapareurs, et il dit que, la Convention ayant décrété un emprunt forcé d’un milliard sur les riches, « le capitaliste, le marchand, dès le lendemain, lèveront cette somme sur les sans-culottes par le monopole et la concussion », si le monopole du commerce et de l’accaparement n’est pas détruit. Il en prévoyait très bien le danger pour la Révolution et disait : « Les agioteurs s’emparent des manufactures, des ports de mer, de toutes les branches du commerce, de toutes les productions de la terre, pour faire mourir de faim, de soif, de nudité les amis de la justice et les déterminer à se jeter dans les bras du despotisme. » (Je cite d’après le texte de Roux, retrouvé par Bernard Lazare et communiqué à Jaurès.)