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des années, une nouvelle ère, qui commençait par la proclamation de la République en France, le 22 septembre, 1792 (c’était aussi l’équinoxe d’automne), et il abandonnait la semaine chrétienne. Le dimanche disparaissait, — le jour férié devenait le décadi[1].

Cette décision de la Convention, qui rayait de notre vie le calendrier chrétien, enhardit nécessairement ceux qui voyaient dans l’Église chrétienne et ses desservants l’appui le plus solide de la servitude. L’expérience que l’on avait faite avec le clergé assermenté avait démontré l’impossibilité de gagner le clergé à la cause du progrès. Aussi l’idée de supprimer le budget des cultes et de laisser aux croyants le soin d’entretenir eux-mêmes les ministres de leurs cultes, se posa nécessairement. Cambon la porta à la Convention dès novembre 1792. Mais à trois reprises. la Convention décida de maintenir l’Église nationale, soumise à l’État, — tout en sévissant contre les prêtres réfractaires.

Contre ceux-ci on fit des lois très sévères : la déportation pour les insermentés et, depuis le 18 mars 1793, la mort pour ceux qui seraient compromis dans les troubles à propos du recrutement ou qui, devant être déportés, seraient saisis sur le territoire de la République. Au 21 octobre 1793, on décréta des lois

  1. L’idée de rétablir la conception astronomique dans le nouveau calendrier était excellente (celle de placer tous les cinq jours supplémentaires à la fin de l’année l’était beaucoup moins) et les noms des mois étaient admirablement choisis ; mais outre toutes les préventions qui devaient surgir contre ce calendrier, parce qu’il glorifiait la Révolution, il est fort probable que l’idée de remplacer la semaine de sept jours (le quart d’un mois lunaire) par une période de dix jours, trop longue pour nos habitudes, fut et sera un obstacle à son acceptation.