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renonçait à exercer « les fonctions de ministre du culte catholique ». Déposant sa croix et son anneau, il se coiffa du bonnet rouge que lui tendit un des membres.

Alors un enthousiasme que l’on ne peut comparer qu’à celui de la nuit du 4 août, s’empara de l’Assemblée. Deux autres évêques, Thomas Lindet et Gay-Vernon, ainsi que d’autres membres ecclésiastiques de la Convention, se précipitèrent à la tribune pour suivre l’exemple de Gobel. L’abbé Grégoire refusa de se joindre à eux. Quant à Sieyès, il vint déclarer, que depuis un grand nombre d’années il avait déposé tout caractère ecclésiastique, qu’il n’avait d’autre culte que celui de la liberté et de l’égalité, et que ses vœux appelaient depuis longtemps le triomphe de la raison sur la superstition et le fanatisme. L’effet de cette scène à la Convention fut formidable. Toute la France, toutes les nations voisines l’apprirent. Et partout, dans les classes gouvernantes, ce fut une explosion de haines contre la République.

En France, le mouvement se répandit rapidement dans les provinces. En quelques jours, plusieurs évêques et un grand nombre de prêtres avaient déposé leurs titres, et ces abdications donnaient lieu parfois à des scènes émouvantes. C’est touchant, en effet, de lire, par exemple, la description suivante de l’abdication des prêtres à Bourges, que je trouve dans une brochure locale de l’époque[1].

  1. Extraits du registre de la Société populaire de Bourges, séance du quintidi 23 brumaire de l’an deuxième de la République Française, une et indivisible [15 novembre 1793]. Brochures du British Museum, F. 16 (7).