Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/706

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libérer les paysans et les ouvriers du servage, des corvées et des corps de métier ».

Il est certain, comme le dit M. Nys, que « par ses tendances humanitaires, par le sentiment inébranlable de la dignité de l’homme, par les principes de liberté, d’égalité et de fraternité » la maçonnerie a puissamment aidé à préparer l’opinion publique aux idées nouvelles, d’autant plus que, grâce elle, « sur tous les points du territoire se tenaient des réunions où les idées progressives étaient exposées et acclamées, et où, point plus important qu’on ne le pense, se formaient des hommes aptes à discuter et à voter. » La jonction des trois ordres en juin 1789, et la nuit du 4 août furent très probablement préparées dans les loges (E. Nys, pp. 89, 83).

Ce travail préliminaire dut aussi nécessairement établir des rapports personnels et des habitudes de respect mutuel entre les hommes d’action, en dehors des intérêts, toujours étroits, des partis, ce qui permit aux révolutionnaires d’agir avec un certain ensemble, pendant quatre ans, pour abattre le despotisme royal. Cependant, soumis plus tard à de trop rudes épreuves, surtout après que les franc-maçons eux-mêmes se divisèrent sur la question de la royauté, et encore plus sur celle des tentatives communistes, ces rapports ne purent durer jusqu’à la fin de la Révolution. Et alors la lutte se déchaîna avec d’autant plus de fureur.