Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/715

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s’est trouvé une force pour lui dire : « Tu n’iras pas plus loin ! » et ceci à un des moments où les revendications éminemment populaires essayaient de trouver leur formule ; une fois que cette force a pu abattre les têtes de ceux-mêmes qui essayaient de formuler ces revendications, les vrais révolutionnaires comprirent que c’était la mort de la Révolution. Ils ne se laissèrent pas prendre par les paroles de Saint-Just qui leur racontait que lui aussi en arrivait à penser comme ceux qu’il envoyait à la guillotine. Ils comprirent que c’était le commencement de la fin.

En effet, le triomphe des Comités sur la Commune de Paris, c’était le triomphe de l’ordre, et, en révolution, le triomphe de l’ordre, c’est la clôture de la période révolutionnaire. Maintenant il y aura encore quelques convulsions, mais la Révolution est finie[1].

Et le peuple, qui avait fait la Révolution, finissait par y perdre intérêt. Il abandonnait le pavé aux muscadins.

  1. Avec Pache et Chaumette disparaissaient de la Révolution deux hommes qui avaient symbolisé pour le peuple la révolution populaire. Lorsque les envoyés des départements vinrent à Paris pour signifier l’acceptation de la constitution, ils furent frappés de trouver Paris tout à fait démocratique, dit Avenel (Anacharsis Clootz, t. II, pp. 168-169). Le maire, papa Pache, venait à pied de la campagne, son pain dans sa poche ; Chaumette, le procureur de la Commune, « habite une chambre avec sa femme qui ravaude. À qui frappe : Entrez ! Tout comme chez Marat ». Le père Duchesne, l’orateur du genre humain — tous également accessibles. C’est ces hommes que l’on enlevait au peuple.