Page:Kropotkine - Les Expédients économiques, paru dans les Temps nouveaux, 19 juillet 1895.djvu/6

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Exagérant les nécessités du moment, pour mieux faire valoir leurs idées économiques, ils se séparèrent des révolutionnaires qui cherchaient à renverser la domination politique de la bourgeoisie. Et ils finirent par s’accommoder de n’importe quel gouvernement, par demander même des secours aux potentats, afin de mettre en pratique leurs idées. Direction qui continue jusqu’à présent et qui pousse une partie des socialistes à ne tenir aucun compte de la propagande anti-étatiste — jusqu’à la voir avec haine — et de prêcher que les réactionnaires, champions d’un gouvernement fort, sont leurs alliés plutôt que ceux des radicaux qui haïssent l’État.

D’autre part, dans leurs plans de reconstruction de la société, les premiers communistes basèrent leurs calculs sur la constitution d’une formidable autorité, — tradition qui se maintient encore jusqu’à nos jours chez les socialistes autoritaires.

Et enfin, ils ont donné une quantité de leur énergie à des institutions de communisme partiel qui devaient aider à régénérer la société puisqu’il prouverait jusqu’à l’évidence que le communisme répond mieux aux intérêts de tout le monde que l’individualisme actuel.

Et tandis que les masses ouvrières faisaient leurs sociétés secrètes pour la guerre contre le capital, il se fondait sous l’influence des communistes toute une série d’institutions, telles que les communes en Amérique, les coopérations de distribution et de production, les cités ouvrières, etc., qui devaient servir à prouver la possibilité du communisme. Nous examinerons ces tentatives dans un prochain article, pour voir le parti que la révolution pourrait un jour en tirer.

Kropotkine.


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