Page:Kropotkine Champs, usines et ateliers.djvu/126

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rotation des cultures qui nous permet de faire produire à nos champs une récolte par an ou quatre récoltes tous les trois ans, car leur ambition est d'avoir six et même neuf récoltes sur la même pièce de terre en douze mois.

Ils ne comprennent point que nous parlions de bons et de mauvais sols, parce qu'ils font le sol eux-mêmes, et en telles quantités qu'ils sont contraints tous les ans d'en vendre pour ne pas exhausser le niveau de leurs jardins d'un demi-pouce par an. Ils visent, non pas à récolter douze à quinze tonnes de fourrage par hectare, comme nous faisons, mais à faire produire à ce même espace de terre de 125 à 250 tonnes de légumes variés. Ils demandent à cet hectare non 300 fr. de foin, mais plus de 6.000 fr. de légumes des plus communs, y compris des choux et des carottes. Voilà à quoi vise aujourd'hui l'agriculture.

Nous savons que la viande est le plus cher de nos principaux aliments, et ceux qui ne sont pas végétariens par persuasion ou par nécessité consomment par an en moyenne 100 kilogrammes de viande — c'est-à-dire, approximativement, un peu moins du tiers d'un bœuf. Et nous avons vu qu'en Angleterre et en Belgique, il faut environ de 80 à 120 ares pour nourrir un bœuf, de sorte qu'un groupement de 1.000.000 d'hommes devrait avoir en réserve 300.000 à 400.000 hectares de terres pour se procurer la viande qui lui serait nécessaire.