Page:Kropotkine Champs, usines et ateliers.djvu/139

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labeur qu'on a dépensée sur les bords du Rhin, en Suisse et en Italie pour faire les vignobles, leurs terrasses et leurs murs de pierre, et pour apporter la terre jusque sur les rochers escarpés, et lorsque nous nous représentons la somme de travail dépensée chaque année pour la culture de ces vignobles et de ces vergers, nous nous demandons lequel des deux, tout bien considéré, exige le moins de travail humain : une serre à vigne, j'entends une serre froide, dans un faubourg de Londres, ou un vignoble sur les bords du Rhin ou du Lac Léman. Et quand nous comparons les prix obtenus par le viticulteur aux environs de Londres (non pas les prix payés dans les fruiteries de West-End, mais ceux que reçoit le viticulteur pour ses raisins en septembre et octobre) aux prix courants de la Suisse et des bords du Rhin pendant les mêmes mois, nous sommes en droit de déclarer que nulle part en Europe au-dessus du quarante-cinquième degré de latitude on ne produit du raisin avec une moindre dépense de travail annuel et une moindre mise de fonds que dans les serres à vigne de la banlieue de Londres et de Bruxelles.

Quant à la productivité des pays exportateurs, toujours surfaite par l'imagination, souvenons-nous que les viticulteurs de l'Europe méridionale boivent eux-mêmes une piquette abominable, que Marseille fabrique du vin pour la consommation régionale avec des raisins secs