Page:Kropotkine Champs, usines et ateliers.djvu/148

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cheval à peine digne de ce nom, sans routes pour les transports, etc.. est certainement beaucoup plus considérable que la somme d'efforts nécessaire pour faire pousser la même quantité de blé dans l'Europe occidentale.

Amené sur le marché de Londres, le blé russe se vendait en 1887 à raison de 14 francs l'hectolitre, alors que, d'après les chiffres du Mark Lane Express cité plus haut, l'hectolitre ne pouvait être produit on Angleterre au-dessous de 16 francs, même si la paille était vendue, ce qui n'est pas toujours le cas.

Mais la différence dans le loyer de la terre en Angleterre et en Russie suffirait pour expliquer la différence de prix. Dans la zone du blé en Russie, où le loyer moyen de la terre était en 1885 de 37 francs par hectare et où la récolte variait entre 13 hectolitres et demi et 18 hectolitres par hectare, ce loyer était représenté par 1 fr. 50 à 2 fr. 50 dans le prix de l'hectolitre de blé russe ; tandis qu'en Angleterre, où, d'après les chiffres du Mark Lane Express, le loyer et les impôts étaient évalués à plus de 125 francs pour chaque hectare ensemencé en blé, et où la récolte était estimée à 27 hectolitres, le loyer entrait pour 4 fr. 50 dans le prix de revient de l'hectolitre[1].

  1. Les loyers ont diminué depuis 1887, mais les prix du blé sont également moins élevés. On ne doit pas oublier que, les meilleures terres étant seules consacrées en Angleterre à la culture du blé, le loyer d'un hectare cultivé en blé doit être considéré comme supérieur au loyer moyen de l'hectare dans une ferme de 100 à 150 hectares.