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Page:Kropotkine Champs, usines et ateliers.djvu/22

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tant on l’a cité et reproduit souvent. Il est devenu article de foi ; et l’histoire économique du siècle qui s’est écoulé depuis qu’Adam Smith l’écrivit en a été, pour ainsi dire, un véritable commentaire.

« Division du travail », tel fut le mot d’ordre du siècle. Et la division et la subdivision — une subdivision permanente — des fonctions ont été poussées si loin que l’humanité s’est trouvée répartie en castes presque aussi solidement établies que celles de l’Inde ancienne.

Nous avons d’abord la grande distinction entre producteurs et consommateurs : producteurs consommant peu, d’une part, et, d’autre part, consommateurs produisant peu. Puis, parmi les premiers, une série de nouvelles subdivisions : travailleur manuel et travailleur intellectuel, nettement séparés l’un de l’autre au détriment de tous les deux ; ouvriers agricoles et ouvriers de fabrique ; et, parmi la masse de ces derniers encore, d’innombrables subdivisions, si ténues, en vérité, que l’idéal moderne de l’ouvrier semble être un homme ou une femme, voire une jeune fille ou un jeune homme, ne connaissant aucun métier, n’ayant aucune idée de l’industrie qui l’emploie, seulement capable de faire tout le long du jour et durant toute une vie la même partie infinitésimale du même objet. Depuis l’âge de treize ans jusqu’à celui de soixante, il poussera la banne jusqu’à un point déterminé de la galerie