Page:Kropotkine Champs, usines et ateliers.djvu/278

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villes. Dès cette époque, les villes de Saint-Quentin, Lille, Roubaix et Amiens étaient de grands centres de filatures et de tissages de coton. Mais à la même époque toutes sortes de cotonnades étaient tissées sur des métiers à main dans les faubourgs mêmes de Saint-Quentin et dans une centaine de villages et hameaux des environs ; puis elles étaient vendues en ville où on les finissait. Et Reybaud remarquait que les horribles demeures des ouvriers en fabrique de la ville et leur condition en général formaient un contraste frappant avec le bien-être relatif des tisserands campagnards. Ces derniers possédaient à peu près tous leur maison et un petit champ qu'ils continuaient à cultiver[1].

Même dans une branche comme la fabrication des velours de coton communs, où la concurrence des manufactures se faisait tout particulièrement sentir, le tissage en chambre était très répandu en 1863 et même en 1878 dans les villages des environs d'Amiens. Bien que les salaires des tisserands ruraux fussent peu élevés en général, les tisserands préféraient demeurer dans leurs chaumières, auprès de leurs cultures et de leur bétail ; et ce n'est que des crises commerciales répétées, jointes à quelques-unes des causes indiquées plus haut, qui forcèrent la plupart d'entre eux à abandonner la lutte et à chercher

  1. Le Coton : son régime, ses problèmes, etc. Paris, 1863, p. 170.