Page:Kropotkine Champs, usines et ateliers.djvu/32

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loppé en quelques années, et s’est étendu sur la terre entière ? »

Grandiose, peut-être ; mais si ce n’était qu’un mirage ? À quel prix ce résultat a-t-il été atteint ? Et combien de temps cela durera-t-il ?


Faisons un retour de cent ans en arrière. La France était saignée à blanc par les guerres de Napoléon, et sa jeune industrie, qui à la fin du siècle précédent avait commencé à grandir, était maintenant anéantie. L’Allemagne, l’Italie étaient impuissantes sur le terrain industriel. Les armées de la grande République y avaient porté, il est vrai, un coup mortel au servage ; mais, avec le retour de la réaction, le régime mourant était revivifié, et le servage, on le sait, est incompatible avec un grand développement de l’industrie moderne. Les terribles guerres entre la France et l’Angleterre, de 1792 à 1815, qu’on explique souvent par des raisons purement politiques, ont eu une signification beaucoup plus profonde, — une signification économique.[1] C’étaient des guerres pour la suprématie anglaise sur le marché du monde, des guerres contre le commerce et l’industrie de la France — et ce fut la Grande-Bretagne qui remporta la victoire. Elle devint maîtresse des

  1. J. R. SEELEY, dans The Expansion of England, étend même cette remarque à toutes les guerres franco-anglaises du xviiie siècle. Voir en particulier le chapitre ii. (Note du trad.)