Page:Kropotkine Champs, usines et ateliers.djvu/34

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dans les manufactures de cotonnades, et de vastes domaines devenus déserts, après qu’on en eut chassé les cultivateurs, sont encore présents à la mémoire de chacun. Ce seront là des monuments durables qui resteront pour montrer par quels moyens la grande industrie s’implanta en Angleterre.

Mais entre les mains des classes privilégiées la richesse s’accumulait avec une rapidité qu’on n’eût jamais imaginée. Les richesses incroyables qui aujourd’hui étonnent l’étranger dans les maisons particulières d’Angleterre, c’est à cette époque qu’on commença à les entasser. Le train de vie si coûteux de la haute bourgeoisie, qui fait qu’une personne considérée comme riche sur le continent semble en Angleterre n’avoir qu’une bien modeste fortune, fut introduit durant cette période. La propriété imposée doubla de 1848 à 1878, et les capitalistes anglais placèrent à l’étranger, de 1810 à 1878, dans des entreprises industrielles ou en fonds d’États, une somme de 28 milliards qui à l’heure actuelle en valent 50.[1]

  1. C’est à plus de deux milliards (2.250.000.000 fr.) que monte aujourd’hui le revenu annuel, officiellement constaté, que perçoivent les capitalistes du Royaume-Uni pour les sommes prêtées seulement aux divers États et aux compagnies étrangères de chemins de fer. Mais on ne sait pas encore à combien de milliards s’élèvent les intérêts perçus pour les capitaux anglais engagés dans les compagnies de navigation sur les mers du monde entier et sur les grands lacs américains, les câbles, les phares, les banques anglaises, répandues partout, les terrains achetés en Amérique pour la spéculation, les emprunts des villes en Europe et en Amérique, les sociétés d’assurances, et enfin dans les industries du monde entier. On sait seulement que ce chiffre doit être énorme.