Page:Kropotkine Champs, usines et ateliers.djvu/366

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manque à ces inventions ce sont ces « menus riens » dont parlait un jour Sir Frederick Bramwell à Bath, ces riens qu'on ne peut apprendre qu'à l'atelier et qui permirent à un Murdoch et aux ouvriers de l'usine de Soho de faire une machine à vapeur pratique avec les plans de Watt. Seul celui qui connaît la machine, — non seulement d'après des croquis ou des modèles, mais pour l'avoir entendue respirer et gémir et y avoir songé inconsciemment tout en la surveillant. — celui-là seul peut y apporter des perfectionnements. Certes Smeaton et Newcomen furent d'excellents ingénieurs, mais dans leurs machines un enfant devait ouvrir le robinet de vapeur à chaque coup de piston, et ce fut un de ces enfants qui imagina un jour de relier le robinet au reste de la machine, de façon qu'il s'ouvrît et se fermât automatiquement, — ce qui lui permit d'aller jouer avec ses camarades. Mais dans la machine moderne des perfectionnements aussi naïfs ne sont plus possibles. Pour faire de nouvelles inventions, une éducation scientifique très étendue est devenue nécessaire, et cette éducation est refusée aux ouvriers.

« De sorte qu'on ne peut sortir de l'impasse que si l'éducation scientifique et l'éducation manuelle sont combinées et alliées ; on n'y arrivera que le jour où l'éducation intégrale sera substituée à l'éducation spécialisée actuelle. »

Telle est la raison d'être du mouvement d'opi-