Page:Kropotkine Champs, usines et ateliers.djvu/375

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Certes l'École professionnelle de Moscou n'est point une école idéale[1]. Elle néglige totalement l'éducation humanitaire des jeunes gens. Mais nous devons reconnaître que l'expérience de Moscou — pour ne pas parler de mille autres expériences partielles — a parfaitement démontré la possibilité de combiner une éducation scientifique d'un niveau très élevé avec l'éducation nécessaire pour devenir un excellent ouvrier qualifié. Cette expérience a prouvé, d'autre part, que le meilleur moyen de produire des ouvriers réellement habiles est de saisir le taureau par les cornes. C'est de considérer le problème de l'éducation dans ses grandes lignes, au lieu de faire acquérir aux jeunes gens une virtuosité dans un métier quelconque, en même temps que quelques vagues notions de science. Elle a montré aussi qu'on peut obtenir de pareils résultats sans surmenage, si l'on a toujours en vue une économie rationnelle du temps consacré à l'étude, et si l'on ne sépare pas la théorie de la pratique. Vus sous ce jour, les résultats obtenus à Moscou n'ont plus rien d'extraordinaire ; on doit même espérer des résul-

  1. Je ne sais ce qu'est devenue cette école aujourd'hui. En tout cas, le système n'est pas perdu. Il a été transplanté en Amérique.