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Page:Kropotkine Champs, usines et ateliers.djvu/39

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fient avec une telle rapidité — rapidité américaine — que d’ici quelques années les marchés encore ouverts à tous seront envahis par les marchandises américaines. Enfin on a vu surgir dans le Japon et l’on voit surgir déjà dans la Chine deux nouveaux rivaux, si puissants que l’Europe et l’Amérique devront entièrement renoncer d’ici un demi-siècle à leur ambition d’inonder de leurs marchandises les marchés de ces deux contrées. Réussiront-elles seulement à garder pour elles les marchés des autres parties de l’Asie ?

Le monopole des nations qui furent les pionniers de l’industrie s’en va. Et il ne se rétablira plus, quels que soient leurs efforts spasmodiques pour conserver leur position privilégiée d’autrefois. De nouvelles voies doivent être cherchées et trouvées. Le passé a vécu : on n’arrivera plus à le faire revivre.


Avant d’aller plus avant, je voudrais rendre sensible par quelques chiffres la marche de l’industrie vers l’Est. Pour commencer, je prends la Russie comme exemple. Non pas parce que je la connais mieux, mais parce que ce pays est le dernier venu dans le monde industriel.

Il y a cinquante ans, on considérait la Russie comme le type des nations agricoles, condamnées par la nature même à nourrir les autres nations et à faire venir de l’Occident les articles manu-