Page:Kropotkine Champs, usines et ateliers.djvu/476

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furent disséminés, non seulement dans le département du Rhône, mais aussi dans ceux de l'Ain, de l'Isère, de la Loire, de Saône-et-Loire, et même dans ceux de la Drôme, de l'Ardèche et de la Savoie. Parfois les métiers étaient fournis par les marchands, mais la plupart furent achetés par les tisserands eux-mêmes ; et c'étaient surtout les femmes et les jeunes filles qui travaillaient sur ces métiers aux heures de loisir que leur laissaient les travaux agricoles. Mais dès 1835 l'émigration de l'industrie de la soie vers les villages s'accéléra : de grandes fabriques y furent érigées, et ces fabriques continuèrent à se répandre dans la région, en faisant de terribles ravages parmi les populations rurales.

Quand une nouvelle fabrique s'installe dans la campagne elle attire d'abord les jeunes paysannes et aussi une partie des jeunes paysans du voisinage. Garçons et filles sont toujours heureux de trouver un gagne-pain indépendant, qui les émancipe de la surveillance de la famille. Il en résulte que les salaires des ouvrières de fabrique sont extrêmement bas. D'autre part, la distance du village à la fabrique étant généralement très grande, les jeunes filles ne peuvent rentrer à la maison chaque soir, d'autant moins que la journée de travail est généralement longue. Elles restent donc toute la semaine à la fabrique, logent dans des casernes et ne retournent dans