Page:Kropotkine Champs, usines et ateliers.djvu/72

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Dans ces conditions, que deviendra l’industrie américaine d’ici vingt ans, aidée qu’elle est par un merveilleux développement de l’habileté professionnelle, par d’excellentes écoles, par une éducation scientifique qui donne la main à l’éducation technique, et par un esprit d’entreprise qu’on ne saurait trouver en Europe[1] ?


Des volumes ont été écrits sur la crise que l’Angleterre traversa en 1886-87, — crise qui, pour employer les termes de la Commission parlementaire, durait depuis 1875 et « n’avait été interrompue que par une courte période de prospérité, dont avaient joui certaines branches de l’industrie dans les années 1880-83, » — crise, ajouterai-je, qui n’épargna aucune des principales nations industrielles du monde. On a recherché toutes les causes possibles de cette crise ; mais si contradictoires qu’aient été les conclusions de la discussion, tous unanimement se sont accordés sur un point, qui peut se résumer comme suit : « Les pays industriels ne trouvent pas les clients qui leur permettraient de réaliser de

  1. Je demandai un jour, en 1901 ou 1902, à un industriel russe, propriétaire d’immenses fabriques de cotonnades en Russie, donnant du travail à plus de 10.000 personnes, — où il achetait ses machines. Il aimait beaucoup l’Angleterre et y venait chaque automne pour la saison de la chasse. Mais il n’y achetait que les machines à filer. Quant aux machines à vapeur, il les achetait à Winterthur, en Suisse, et les meilleurs métiers mécaniques du monde — aux États-Unis.