Page:Kropotkine Champs, usines et ateliers.djvu/91

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tuel, industriel ou social, ne peut être renfermée dans des frontières politiques ; le progrès traverse les océans et perce les montagnes ; les déserts mêmes ne lui posent pas de limites.

Le savoir et l'esprit d'invention sont aujourd'hui si parfaitement internationaux que si un simple entrefilet dans un journal annonce demain que le problème de l'emmagasinement de l'énergie, de l'impression sans encre ou de la navigation aérienne a reçu une solution pratique dans un pays du monde, on peut être certain qu'à quelques semaines de là le même problème sera résolu, presque de la même façon, par différents inventeurs de différentes nationalités[1].

À chaque instant nous apprenons que la même découverte scientifique ou la même invention technique a été faite à quelques jours d'intervalle dans des pays séparés par des milliers de lieues, comme s'il y avait une espèce d'atmosphère qui favorise la germination d'une idée donnée à un moment donné. Et. en effet, cette atmosphère existe : la vapeur, l'imprimerie et un stock commun de connaissances l'ont créée.

Ceux donc qui rêvent de monopoliser le génie inventif et industriel sont en retard de cinquante ans. Le monde, le vaste, vaste monde, est aujourd'hui le vrai domaine de la science ; et si

  1. Ceci fut écrit en 1890 ; les faits n'ont fait que confirmer ces prévisions.