Page:Kropotkine Champs, usines et ateliers.djvu/94

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d'un profit immense. Tels sont les deux points que nous allons maintenant discuter.


Prenons d'abord le cas le plus désavantageux pour notre thèse. Est-il possible que le sol de la Grande-Bretagne, qui à présent ne nourrit qu'un tiers de ses habitants, puisse procurer à 41.000.000 d'êtres humains une nourriture assez abondante et assez variée, alors que sa superficie ne s'élève, tout compris (forêts et rochers, marécages et tourbières, villes, routes, voies ferrées et cultures), qu'à 22.700.000 hectares, sur lesquels 13.000.000 seulement sont considérés comme cultivables ?[1]

L'opinion courante est que la chose est absolument impossible ; et cette opinion est si bien enracinée que nous voyons même des hommes de science, ordinairement prudents en présence d'opinions courantes, la prendre à leur compte, sans même se donner la peine de la contrôler. On l'accepte comme un axiome. Et pourtant, dès que nous essayons de découvrir un argument en sa faveur, nous constatons qu'elle n'est fondée ni sur des faits, ni sur des jugements qui seraient basés eux-mêmes sur des faits avérés.

  1. 23 % de la superficie totale de l'Angleterre, 40 % du Pays de Galles et 75 % de l'Écosse sont actuellement occupés par les forêts, les buissons, les montagnes, les landes, les eaux, etc. Le reste, soit 43.000.000 hectares, occupé par les cultures et les pâturages permanents, peut être considéré comme la surface cultivable de la Grande-Bretagne.