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Page:Krudener - Valerie.djvu/135

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l’amitié fidèle, la tendresse maternelle, ne continueront-ils pas dans cette autre vie ? Ne le pensez-vous pas, Gustave ? me demanda-t-elle avec émotion. — Je le crois », lui répondis-je, profondément ému ; et, prenant sa main, je la mis sur ma poitrine. « Peut-être alors, lui dis-je, des sentimens réprouvés ici-bas oseront-ils se montrer dans toute leur pureté, peut-être des cœurs séparés sur cette terre se confondront-ils là-bas. Oui, je crois à ces réunions comme je crois à l’immortalité. Les récompenses ou les punitions ne peuvent exister sans souvenirs ; rien ne continueroit de nous-mêmes sans cette faculté. Vous vous rappellerez le bien que vous fîtes, Valérie, et vous retrouverez dans votre souvenir ceux que votre bienfaisance chercha sur cette terre ; vous aimerez toujours ceux que vous aimâtes. Pourquoi seriez-vous punie par leur absence ? Ô Valérie, la céleste bonté est si magnifique ! » Le soleil, en cet instant, jeta sur nous ses rayons ; la mer en étoit rougie, ainsi que les Alpes du Tyrol, et la terre sembloit rajeunie à nos yeux, et belle comme l’espérance qui nous avoit occupés. Nous arrivâmes à l’enceinte du tombeau ; les arbustes le cachoient. Valérie, étonnée de ce changement, se douta que je les avois fait planter ; elle me remercia d’une voix attendrie, en me disant que j’avois réalisé son idée. Nous écartâmes des branches touffues d’ébéniers qui avoient fleuri encore une fois dans cette automne et quelques branches