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Page:Krudener - Valerie.djvu/137

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voyage, je refuserois ; je refuseiois, j’y suis décidé. Est-ce à moi à abuser de son inépuisable bonté ? Si, par un miracle, je n’ai pas encore été le plus méprisable des hommes ; si mon secret est encore dans mon sein ; si l’extrême innocence de Valérie m’a mieux servi que ma fragile vertu, l’exposerai-je, ce funeste secret, au danger d’un nouveau voyage, à cette présence continuelle, à cette dangereuse familiarité ? Non, non, Ernest, je refuserai ; et, si je pouvois ne pas le faire après avoir si clairement senti mon devoir, il faudroit ne plus m’aimer. Ô ma mère ! du haut de votre céleste séjour, jetez un regard sur votre fils ! il est bien foible, il s’est jeté dans bien des douleurs ; mais il aime encore cette vertu, cette austère et grande beauté du monde moral que vos leçons et votre exemple gravèrent dans son cœur.



LETTRE XXIX

Venise, le…

Toi seul tu es assez bon, assez indulgent, pour lire ce que je t’écris et ne pas sourire de pitié, comme ceux qui se croient sages, et que je déteste.

Hier, dans la sombre rêverie qui enveloppe tous mes jours, et dans laquelle je ne pense qu’à