Aller au contenu

Page:Krudener - Valerie.djvu/147

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

je m’y suis assis, j’ai fait du feu, j’ai mis auprès de l’ottomane un grand oranger que Valérie aime beaucoup ; j’ai arrangé la table à thé ; j’en ai pris comme j’en prenois avec elle, car elle l’aime passionnément. Le parfum du thé et de l’oranger, la place où elle étoit assise, et où je n’ai eu garde de m’asseoir, croyant la voir occupée par elle, tout m’a rappelé ce temps de ravissans souvenirs… Je suis resté comme cela jusqu’à deux heures du matin, et puis j’ai lentement copié sa lettre, m’arrêtant à chaque ligne, comme on s’arrête en revoyant, après une longue absence, son lieu natal, à chaque place qui vous parle du passé.


COPIE DE LA LETTRE DE VALÉRIE

Vous n’avez pas cru, bon et aimable Gustave, que vos amis aient pu vous oublier au milieu de leur bonheur. Si j’ai tardé si longtemps à vous écrire, c’est que j’ai voulu vous faire plus d’un plaisir à la fois ; et je savais que mon portrait vous en ferait, surtout parce qu’il vous rappellerait des momens que vous aimiez. J’ai donc retardé ma lettre, et vous avez aujourd’hui les traits de Valérie ; vous avez les souvenirs de Lido, et ces paroles, que je voudrais rendre touchantes, par l’amitié si vraie que j’ai pour vous.

Que n’ai-je, comme vous ou comme mon mari, étudié l’histoire et les arts, pour vous parler plus dignement de tout ce que je vois ! Mais je ne suis