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Page:Krudener - Valerie.djvu/157

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me vit et tourna autour de moi en signe de reconnoissance ; je pris ses larges oreilles, je le caressai, en pensant qu’il t’aimoit, qu’il ne t’avoit sûrement pas oublié ; et soudain une idée, dont tu riras, me passa par la tête : je courus à ta chambre, où j’avois encore vu un de tes habits de chasse ; je l’apportai à Hector en le lui faisant flairer, et je crus voir que ce bon chien le reconnoissoit. Ce qu’il y a de sûr, c’est qu’il mit ses pattes sur l’habit, remua la queue, et donna toutes les démonstrations de la joie auxquelles il mêla quelques sons plaintifs. Ce spectacle m’attendrit tellement que je pressai la tête de cet animal contre mon sein, et sentis couler mes larmes.

Adieu, Ernest, je pars pour le presbytère de ***, d’où je t’écrirai dans quelques jours.


J’ai été au presbytère ; j’ai revu notre respectable ami, le vieux pasteur, et ses charmantes filles. Le croirois-tu ? Hélène se marie demain, et j’ai promis d’assister à ses noces. J’arrivai à six heures du soir à cette paisible maison ; un vaste horizon de neige m’éclairoit assez pour me conduire, car il faisoit déjà nuit quand je partis. Mon traîneau fendoit l’air ; les lumières du presbytère me guidoient, et je dirigeai ma course par le lac où de jeunes mélèzes m’indiquoient le chemin que je devois suivre : car tu sais combien ce lac est dangereux par les sources qui s’y trouvent et qui