Aller au contenu

Page:Krudener - Valerie.djvu/33

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nieux. Étrangère, elle avait deviné notre langue plutôt qu’elle ne l’avait apprise, et elle s’en servait avec un merveilleux instinct, qui suppléait à cette science, à cet art, qu’on acquiert à force de travail et de temps. Elle était devenue écrivain, comme elle devint plus tard orateur, pour les nécessités de son apostolat ; comme elle eût été poète, si elle avait eu besoin de faire entrer sa pensée dans le moule du vers pour lui donner plus de portée et plus d’écho[1].

Mme de Krüdener n’a guère fait que Valérie. Ses autres écrits, qui ne sont que de la controverse ou des extases religieuses, tiendraient en un petit nombre de pages. Elle avait pourtant commencé, sous le titre d’Othilde, un autre roman, consacré à l’amour divin, et qui, dans sa pensée, était comme une expiation de Valérie, le roman de l’amour terrestre. C’était, disait-elle, dans une lettre adressée, en 1809, à son amie, Mlle Cochelet, lectrice de la reine de Hollande, un ouvrage « fait avec le Ciel ». Le sujet d’Othilde, dont l’action se passait au moyen âge, ne nous est pas connu, et il est fort probable que l’ouvrage n’a jamais été achevé. Il en est resté un

  1. Il existe d’elle, en effet, une pièce de vers que cite M. Paul Lacroix, et qui fait penser aux Méditations de Lamartine.