Page:Krysinska - Joies errantes, 1894.djvu/10

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


Extases, peines ; male heure et bonne,
Sanglots de joie, enivrements d’orgueil —
L’écho des éternels deuils
Et de l’éternel Espoir à la voix enchantée
En nous résonne.

Toutes les belles fleurs tentent nos mains avides,
Nos pas sont attirés vers l’horizon splendide —
Mais notre pas trébuche aux pierres du chemin
Et les ronces déchirent nos mains.

Au pressoir rouge de l’Automne
Bout le flot mauvais des haineux levains ;
Le tocsin des désastres sonne
Et ruisselle le sang rouge — comme le vin.

Enfin, par l’Hiver glacés,
L’Amour et la Haine fraternellement vont dormir —
Blêmes trépassés —
Sous les neiges sans couleur
Notre cœur se meurt ;
Seules les pâles chrysanthèmes du Souvenir
Se penchent sur notre cœur qui va dormir…