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Page:Krysinska - Joies errantes, 1894.djvu/119

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Il était beau, comme ce matin même de printemps.
Aussi, lorsqu’il s’arrêta devant les deux jeunes filles, leurs deux cœurs tressaillirent dans leur sein comme deux oiselets pris au piège.
Et, sans savoir si cela était bien ou mal faire.
Elles tendirent toutes deux au fils du prince leurs bouquets de violettes.
Mais lui regardait, ravi, le doux visage de Louba et, distrait, laissa tomber les violettes de Nadéja dans l’herbe, où son cheval les brouta.


Quand il se fut éloigné, Nadeja tua sa sœur Louba
Malgré ses prières et ses plaintes :
— Ah ! qu’il est cruel mon sort !
Si jeune va me prendre la mort !
Je ne te verrai plus, gai soleil de Dieu !
Belles fleurs de la prairie, adieu !


Et maintenant, la pauvre petite Louba
Dort sous la terre, à la lisière du bois ;
Et déjà un jeune ormeau a poussé
Sur sa tombe ignorée.