Page:Krysinska - Joies errantes, 1894.djvu/125

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Qui fendra les flots du Temps de sa poupe enguirlandée :
Et les terres barbares, les terres lointaines,
Que mon pas de conquérante a foulées,
En garderont à jamais un tressaillement de tendresse.

(Elle revient sur le devant de la scène.)

Comme elle doit être cruelle
L’heure des Lendemains !
Des lendemains de gloire, des lendemains de beauté,
Des Lendemains d’Amour…
Qu’ils soient maudits à jamais.
Les clairs miroirs des fontaines qui osèrent montrer
À la première amoureuse son front défleuri de jeunesse !
Maudits soient les échos des bois
Par qui Chloë apprit
Qu’elle s’appelait Baucis !
Et qu’ils soient maudits les baisers dévoués,
Figés sur les lèvres — jadis tremblantes d’émoi, —
Car ils sont, ces abominables baisers,
Pareils aux tristes fleurs d’asphodèle
Poussées sur des tombeaux,
Alors que s’est effeuillée dans le vent d’automne
La dernière Rose rouge.

Ô le funeste fardeau des jours glacés
Que n’éclaire plus le Soleil exalté
Des ardents Étés !