Les Pivoines disent : — Nos seins sont éclaboussés
Du sang glorieux des guerriers tombés ;
La petite princesse ne reverra jamais
Son Bien-Aimé !
« Si son jeune cœur allait succomber !
Si mon beau guerrier loin de moi tombait !
Ah ! sûrement les hirondelles sauvages me le diraient. »
Et les Iris disent : — Viens, petite sœur,
Te pencher sur l’eau à l’insigne douceur !
Dans les roseaux tremblants dort l’opium suprême…
Viens parmi nous petite sœur !
« Et s’il ne devait
Revenir jamais,
Mon Bien-Aimé,
Parmi les iris et les roseaux,
Tremblants dans l’eau,
Je m’endormirais. »
Des cordes tendues le frémissement cesse
Et la chanson a replié son aile,
Oumé — Fleur-de-Prunier — la petite princesse
Japonaise, aux longs yeux,
Rêve parmi les étoffes brodées
Où, songeuses, des cigognes se sont arrêtées.
Page:Krysinska - Joies errantes, 1894.djvu/48
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.