Page:Krysinska - Joies errantes, 1894.djvu/79

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Sonnez et palpitez,
Harpes irréelles !
Ouvrez vos frémissantes envergures
Pour des envols exaltés
Devers des Firmaments que le songe constelle !

Et vous, tendres Mandolines,
Quittez vos sonores tombeaux !
Guitares aux complices fredons,
Murmurez, galantes et câlines,
Le vieil air toujours nouveau
Sous les éternels Balcons !

Susurrez, nerveux Tambourins,
Aux mains des heureuses Folies !
Égrenez comme des minutes chères
Vos fugitives sonneries !
Jusqu’à ce que la voix pesante des Trombones
Mette en déroute vos babils clairs.

Les Cuivres éclatent et mugissent —
Comme en des égorgements de Vaincus, —
Leur son tragique a la couleur du Sang,
D’un noble sang, à flot répandu
Parmi les mornes étendues
Des mondes finissants.