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Page:Kufferath - L’Art de diriger l’orchestre, 1890.djvu/13

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l’orchestre

thème c’est la Volonté qui s’affirme contre le Destin. La lutte s’engage ensuite, finalement la Volonté triomphe et donne à l’homme la Liberté. Le finale est l’hymne à la Liberté.

Dans un travail plus récent[1], cet ingénieux parallèle est poursuivi page par page, presque mesure par mesure, et l’on vous démontre copieusement que des rythmes et des harmonies dont le sens musical est tout naturel et très simple, ont été inspirés à Beethoven par des vues extraordinaires sur l’humanité et sa triste destinée.

Il est prudent de ne pas attacher aux élucubrations de ce genre plus d’importance qu’elles ne méritent.

En composant la symphonie en ut mineur, Beethoven, soyez en sûr, aura songé tout d’abord à écrire une belle œuvre, forte, originale, expressive surtout ; seulement comme il avait l’esprit naturellement porté à la rêverie philosophique, il se marque quelque chose de ses hautes aspirations dans ses chants et ses idées musicales. Comme l’a dit Victor Hugo :

Si vous avez en vous, vivantes et pressées,
Un monde intérieur d’images, de pensées,
De sentiments, d’amour, d’ardente passion,
Pour féconder ce monde, échangez-le sans cesse
Avec l’autre univers visible, qui vous presse !
Mêlez toute votre âme à la création…

Beethoven, justement, a beaucoup mêlé toute son âme à la création et c’est ce qui le fait si grand, si émouvant et si varié.

C’est lui-même qu’il nous dévoile dans ses admirables

  1. Le Van Beethoven, par W.-J. de Wasiclewski Berlin. Brachvogel et Ranft, Berlin 1888.