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l’art de diriger

voudra faire exprimer à son orchestre, il pourra le lui faire exprimer, pourvu qu’il le veuille. S’il est souvent vrai de dire : « tant vaut l’orchestre, tant vaut le chef », la proposition contraire n’est pas moins certaine : « tant vaut le chef, tant vaut l’orchestre ». Il n’est pas d’exécution fondue et harmonieuse qu’on ne puisse obtenir d’un corps de musique composé d’artistes même de force moyenne. Le seul obstacle qui résiste à la meilleure volonté et aux efforts les plus persévérants, est la mauvaise qualité des instruments ; contre des bois ou des cuivres de sonorité discordante ou vulgaire, il n’y a de remède que la suppression radicale. Avec des violons et des violoncelles même ne jouant pas absolument juste, on peut toujours obtenir l’illusion de la justesse.

Quand donc un chef d’orchestre se débat impuissant et s’écrie qu’il ne peut rien tirer de ses musiciens, qu’il rencontre de la mauvaise volonté, etc., n’en croyez rien : c’est le plus souvent qu’il est lui-même incapable.