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l’orchestre

est indispensable que ce chant domine toujours et partout. Que de fois n’entend-on pas le contraire ! Quand les instruments à vent en bois disent la mélodie, il arrive presque toujours qu’ils sont étouffés par les cordes qui ne jouent pas assez légèrement les arabesques que Beethoven leur a confiées.

Beaucoup de chefs d’orchestre s’imaginent que c’est la figuration qu’on doit entendre de préférence puisqu’il s’agit, pensent-ils, de variations. C’est là une erreur. Le thème chantant reste toujours l’essentiel ; la variation est l’accessoire, elle est l’ornement. Et de même que dans l’architecture sous l’ornement on doit pouvoir deviner la ligne de structure, de même ici l’idée mélodique doit demeurer perceptible.

M. Richter avait porté tout particulièrement son attention sur ce point, notamment aux passages où les premiers violons exécutent leurs broderies en triples croches piquées. Même quand la partition porte forte dans les parties de violons, il n’hésitait pas à demander aux cordes un simple mezzo-forte, afin de maintenir toujours la pondération entre les deux genres de sonorités qui se répondent et se combinent.

Au passage des altos et des violoncelles


\relative c{
\override Staff.TimeSignature #'transparent = ##t
\time 3/8
\key aes \major
\clef bass
\override Staff.Rest.style = #'classical
  \partial 8 ees16_\markup { \bold \italic "p" \italic " dolce" }\( aes | c[ bes aes g aes c]\) 
  f,[\( a bes a bes c]\) || des[\( c bes des g, bes]\) |
}
  etc.


repris ensuite par les violons, il insista tout particulièrement sur l’abandon de tout espèce de nuance intermédiaire : Beethoven, indique encore une fois dolce et piano. Tout ce passage, ainsi que plus tard la même va-