celui du passé, j’entends l’art véritable, le grand art ; il ne nous révélera rien de nouveau ; et s’il se propose plus spécialement d’exprimer des sentiments d’union fraternelle entre les hommes, ce sera un art à thèses, un art à tendances, un art volontaire et intellectuel, non de sentiment et de sincérité, un art sectaire et prêcheur, le pire qui soit !
Tolstoï n’est pas le seul, je le sais, à rêver d’un art social ou plutôt socialiste. De divers côtés, en ces derniers temps, des politiciens et des avocats ont évoqué, à grand renfort de phrases creuses, un art qui serait immédiatement accessible au peuple, un art fait pour le peuple, comme s’il existait un art de classes ! Le livre de Tolstoï formule en quelque sorte l’esthétique de cette nouvelle école.
Nous ne méconnaîtrons pas la noblesse de ses tendances et la pureté de ses intentions ; mais tout cela résulte d’un point de départ faux. Qu’est-ce que l’Art ? est là pour nous prouver que, dans cette voie, on ne peut aboutir qu’à une esthétique erronée et qui ne saurait être que fatale à l’Art. Le