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enlevé de verve. Sa conclusion est que l’Art échappe à toute définition absolue, que l’idée de Beauté est essentiellement variable, qu’en somme, l’esthétique ne peut prétendre à être une science.

Cette conclusion mérite examen. Observons d’abord que le comte Tolstoï se fait la tâche trop commode. Il n’était pas difficile, en quelques citations perfidement choisies, en résumant superficiellement les théories esthétiques de Kant, Baumgarten, Herder, Winckelman, Home, Shaftesbury, Burke, du père André, de Goethe, de Schiller, de Fichte, de Hegel, de Schopenhauer, de Darwin, de Renan, de Grant Allen, d’Eugène Veron, d’Herbert Spencer, de Guyau, etc., etc., de constater les divergences qui divisent tous ces penseurs. Séparées du contexte et détachées de l’ensemble de leur système philosophique ou esthétique, ces définitions devaient nécessairement n’avoir qu’une signification médiocre et donner de l’Art une idée inexacte ou insuffisante. Si l’on appliquait le même procédé d’analyse et de polémique à l’étude du comte Tolstoï, il ne serait pas moins