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par les écoles d’art, de là la profusion d’œuvres médiocres qui amène à la fois l’abaissement du goût public et la dépression morale dont souffrent les artistes vraiment originaux, étouffés par la concurrence ; surtout la vie de plus en plus énervée et factice que nous vivons, tout cela agit profondément sur les conditions de l’art et contribue à le rendre plus pauvre.

Nous nous éloignons de plus en plus de la Nature. Nous parlons trop, – disait Wagner, – nous écoutons trop et ne regardons pas assez (Wir reden zu viel, selbst auch hören zu viel, und sehen zu wenig…) Voilà le mal profond. Nous sommes aveugles, nous ne voyons pas et nous ne comprenons plus.

Nous étudions les phénomènes de la morbidité plutôt que les manifestations de la santé. Ainsi le veut notre état, transitoire je veux l’espérer, de décadence physique et morale. Notre art est trop quintessencié ; il est trop subtil, il est tout en nuances insaisissables et trop particulières pour demeurer vraies d’une vérité universelle.