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Page:Kufferath - Tristan et Iseult, 1894.djvu/30

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exécuter, avec Niemann et la Meyer[1], à Strasbourg. Il y a là un beau théâtre ; l’orchestre et le personnel, d’ailleurs restreint, dont j’aurai besoin, pourront m’être fournis par un des théâtres allemands voisins (peut-être Carlsruhe), et ainsi j’espère, avec l’aide de Dieu, arriver, à ma façon et selon mes idées, à une exécution qui me ranimera et me rendra la conscience de moi-même. »

Il comptait même, et il le dit textuellement à Liszt, qu’un ouvrage aussi facile que Tristan lui rapporterait rapidement des honoraires suffisant pour le « remettre à flot » pendant quelque temps.

Vaines illusions ! Lorsque Wagner, très peu de temps après, s’entretint de ce projet avec l’intendant du théâtre grand-ducal de Carlsruhe[2], qui était venu le voir, il reçut, on le devine, une réponse négative. Edouard Devrient, toutefois, lui fit entrevoir la possibilité d’une exécution à Carlsruhe même, où on lui laissait espérer qu’il serait autorisé à séjourner pendant la durée des répétitions, grâce à l’intervention du grand duc auprès de la cour de Saxe. Il paraît qu’en effet le grand duc avait écrit à ce sujet au roi Jean, mais

  1. Niemann est le ténor fameux qui créa Tannhæuser à Paris, en 1861, et qui était alors au début de sa carrière. La « Meyer » à laquelle Wagner fait allusion est l’artiste remarquable qui, après son mariage avec M. Dustmann, fut engagée à l’Opéra de Vienne, dont elle fut longtemps l’une des gloires.
  2. Edouard Devrient, acteur, auteur dramatique, romancier et esthéticien bien connu, mort le 6 octobre 1877, et qui fut successivement attaché comme intendant ou directeur aux théâtres de Dresde (1844-46) et de Carlsruhe (1852-76).