— Toujours du mauvais temps, dit Julienne, cela devient fatigant.
— T’as raison, ma fille ; épi, c’est qu’ça fait tort, parce que quand il mouille la journée des sept frères martyrs, on a d’la pluie pendant quarante jours. C’est une vieille remarque, ça, épi c’est immanquable.
— Mais dites donc, les enfants, Maurice est-il venu aujourd’hui ?
— Oui, un instant.
— Que peut faire le cher homme toujours hors de la maison ?
— Or ça, Madelon, dit Julienne en branlant la tête, nous avons eu de la visite tandis que vous étiez absente.
— Oui ! qui donc ? queuqu’ « faraud », ma fille ?
— Non, mais un messager de « faraud », par exemple.
— Pas possible ! et pour qui ? dit Madelon en faisant la moue.
— Dame, pour Helmina.
— Tout d’bon ?
La jeune fille rougit et baissa les yeux.
— Tiens, tiens, il fallait ça pourtant ; et que t’a-t-il dit, ma mignonne ?
— Bah, dit Julienne, il ne lui a rien dit, c’est trop commun ça ; mais il lui a apporté une lettre.
— Une lettre ! ah ben, sûrement tu vas m’montrer ça, Helmina, ça doit être futé, par exemple ! un cavalier d’la ville, hein ! ça n’badine pas.
Helmina sourit malgré elle, puis ayant tiré de son sein une lettre délicatement pliée, elle la remit à Madelon.
— N’faut pas avoir honte, mon enfant, dit Madelon en s’apercevant du trouble d’Helmina, n’faut pas avoir honte ; faut toujours qu’ça vienne un jour ; « par guenne », va, j’étais ben plus jeune que toi, moi, et j’avais déjà des « farauds » ; oh dame, par exemple, j’avais de « l’atout », d’la « manigance » ; épi, j’étais assez jolie dans c’temps-là. Voyons, lis-moi ça, ma belle.
— Julienne vous la lira mieux que moi.