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Page:L'Écuyer - La fille du brigand, 1914.djvu/118

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LA FILLE

que le ciel m’accable du poids de sa vengeance ! mais toi, je te le répète, tu mourras ici.

Puis se tournant du côté de la porte :

— Lampsac ! Mouflard, s’écria-t-il, ici, esclaves de mes volontés !…

Et les deux brigands entrèrent armés de toutes pièces, et vinrent courber la tête devant leur chef.

— Voici, dit maître Jacques, deux misérables filles que je mets sous vos charges ; elles doivent apprendre ce que c’est que de me résister.

Les brigands saisirent la détente de leurs pistolets.

— Arrêtez, brigands, leur dit-il, une mort si prompte leur serait trop douce : elles mourront de faim…

Maître Jacques fixa Helmina pour voir quelle impression cette sentence avait faite sur elle ; puis remarquant que la jeune fille conservait son dédain et son énergie :

— Je vous défends, ajouta-t-il, de laisser entrer qui que ce soit ici ; vous ôterez ces lampes ; vous fermerez toutes les ouvertures et vous les enchaînerez ; je veux être obéi, m’entendez-vous ?

Les brigands sortirent en faisant un signe de soumission.

— Il est encore temps, Helmina, dit maître Jacques d’un ton moitié affectueux, moitié sévère ; persistez-vous dans votre résolution ?

Pour toute réponse Helmina lui lança un regard de mépris héroïque.

Maître Jacques sortit en grinçant des dents et en faisant des serments épouvantables.

Aussitôt après les jeunes filles entendirent sur la voûte de la caverne un bruit de pas sourds ; c’étaient les brigands qui bouchaient alternativement toutes les ouvertures ; en dix minutes, elles se trouvèrent dans l’obscurité la plus complète. Puis elles se mirent à genoux et adressèrent à l’Éternel la prière des captifs ; puis elles s’endormirent en priant, et ce fut un rêve du ciel.

Elles virent un ange étincelant descendre au