père, si les renseignements que nous recueillerons ne lui conviennent pas.
— Merci, Émile, merci, dit Stéphane en le serrant dans ses bras. Que je suis fortuné d’avoir un véritable ami comme vous ; car s’il est vrai que le devoir d’un ami est de partager et de diminuer la douleur de son ami, de lui offrir ses services, oh ! Émile, je puis dire que vous l’accomplissez d’une manière irréprochable.
— Si vous le voulez, Stéphane, dit Émile pour rompre une conversation qui affectait sa sensibilité, demain nous irons ensemble chez Mme La Troupe quand la nuit sera close ; nous emmènerons avec nous le gros Magloire ; car je vous avouerai franchement que je redoute de traverser le soir ces rues écartées, ordinairement infestées de brigands et de malfaiteurs.
— Vous êtes prudent, Émile, mais je vous dirai qu’en emmenant le gros Magloire, je crains encore quelque chose de plus que les voleurs.
— Que craignez-vous ?
— Mon père. S’il apprenait que j’entre dans une maison pareille, je ne sais ce qu’il en arriverait ; d’ailleurs, mon cher ami, soyez persuadé que notre réputation en souffrirait si…
— Vous avez raison ; quoique je ne doute nullement de la discrétion de Magloire, cependant il vaut mieux aller seuls. À demain donc, Stéphane, à sept heures du soir ; préparez vos pistolets.
— Un mot encore, s’il vous plaît, Émile ; que le secret que je viens de vous dire soit entre nous seuls jusqu’à ce que je puisse le divulguer moi-même d’une manière avantageuse pour mon intérêt.
— Ne craignez rien, la suite vous donnera une nouvelle preuve de ma discrétion. Espérez tout de l’avenir, la persévérance couronnera notre entreprise. Adieu.
Stéphane conduisit son ami jusque dans la rue.
— Oh ! j’oubliais de vous dire, dit Émile en revenant sur ses pas, qu’on a arrêté ce matin trois voleurs sur les plaines d’Abraham.